Lors du referendum d'initiative populaire italien, destiné à modifier les points les plus restrictifs de la loi sur la procréation médicalement assistée, l'église catholique a décidé de mêler son choix à celui des abstentionnistes habituels. Ce faisant, elle a opté pour une stratégie payante : avec seulement 25,9 % de votants, le referendum a été un échec. Triste jour pour les Italiennes ! Le droit à l'avortement sort fragilisé de ce scrutin d'un nouveau genre ! En effet, l'église, pape en tête, s'était exprimée en faveur de « l'intangibilité de la vie humaine dès la conception » accordant ainsi à l'embryon le statut de personne.
Le débat français sur le Traité constitutionnel n'est pas si loin... Certains (et malheureusement certaines) ont cru bon crier à l'outrance quand d'autres alertaient sur la dangerosité d'un article tel que « Toute personne a droit à la vie. » (Art. II‑62) énoncé sans contrepartie garantissant aux femmes le droit à l'avortement.
Après le mini‑vote italien osera-t-on continuer de dire qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter face à un texte, le Traité constitutionnel pour l'Europe, qui reconnaît le « droit à la vie », « la liberté de manifester sa religion [...] en public ou en privé » (Art. II‑70), qui « maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces églises et organisations » (Art I‑52) mais qui, à aucun moment, n'affirme clairement le droit de toute femme à choisir de donner la vie ? Droit qui devrait, pourtant, être garanti à toute Européenne.
Aimée Gourdol
Secrétaire nationale aux droits des femmes